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Michel Rozzi |
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Instructeur Senior K.J.R.E. Système (Kali Eskrima et Jeet Kune Do Concept) 6è Dan Kali Eskrima FFK - Expert Fédéral Commission Nationale AMSEA FFK Contact m-rozzi@wanadoo.fr 06 64 95 22 53
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Articles Kali Eskrima/Jeet Kune Do - KJRE Système |
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Article édité le : 17/03/2019
Auteur : Michel Rozzi
Les blessures dans les arts martiaux
Les blessures dans les arts martiaux
Rarement là où on s’y attendrait…
Les grosses blessures n’arrivent pas nécessairement à cause de l’intensité de l’engagement mais plus à cause d’erreurs de jugement liées à la fatigue ou l’ego ou de cadre mal défini. Pour l’enseignant, la santé des élèves est sa et la priorité. Se blesser dans un cours de loisir est beaucoup trop impactant pour la vie quotidienne. Le rapport bénéfices/risques n’est pas en faveur du risque à l’entraînement. L’enseignant doit donc chercher à identifier les principales blessures auxquelles on s’expose. Ainsi, sur chaque exercice, il doit savoir où sont les risques et mettre en place le cadre le plus sécurisé possible pour réduire le risque.
1/ Fracture/ Entorse des orteils
Un grand classique, quel que soit l’art martial, la fracture ou l’entorse des orteils. Les deux causes majeures sont se prendre les doigts de pied entre deux tatamis ou alors d’accrocher un orteil sur un coup de pied. Assez douloureux, surtout très pénible pour récupérer puisque l’on passe pas mal de temps à marcher dessus…
Prévention : Pour la prévention, attention à ne pas avoir de petits interstices entre les tapis. A choisir, mieux vaut des grands tapis pour ne rien coincer dedans… Pour les coups de pieds, penser à relever les orteils lors de la frappe, ou frapper avec le tibia… Enfin, porter des chaussures d’entraînement limite considérablement ces désagréments.
Recommandations : • Pour l’entorse, on strappe avec l’orteil d’à côté pour maintenir et on immobilise trois semaines. On peut marcher mais pas de sport. • Pour la fracture : on strappe aussi avec l’orteil d’à côté mais se procurer une chaussure de Barouk. Cette chaussure permet de ne s’appuyer que sur le talon, soulageant les orteils. Trois semaines de repos classiquement.
2/ Entorse de la cheville
Un autre grand classique, l’entorse de la cheville. Là aussi, peut toucher toutes les disciplines, ne serait-ce à cause de l’échauffement et de jeux divers et variés où on saute partout… Les échauffements traditionnels ont cela d’intéressant, ils sont ultra sécurisés et très efficaces pour s’échauffer. Jetez-y un œil si vous avez un moment… Néanmoins, une mauvaise réception suite à un saut, un coup de pied, ou à la réception d’une frappe ou d’une chute peut en être la cause.
Prévention La prévention pour une première entorse, l’échauffement et ne pas pratiquer outre mesure en situation de déséquilibre lorsque l’on est fatigué. Ce type de blessures arrive fréquemment avec la fatigue. Attention donc au surentraînement. Pour éviter une récidive, bien prendre le temps de faire la rééducation proprioceptive. Le temps passé à la faire vous évitera des entorses à répétitions qui iront en s’aggravant. De plus, strappez la cheville s’il y a déjà une faiblesse pour éviter les entorses à répétition.
Recommandation : Voir un médecin pour savoir s’il faut une radio. La radio servira à savoir s’il y a un arrachement osseux, ce qui est considéré comme une fracture. Pour les entorses simples, attelle trois semaines, pas de béquille. Marche avec appui total, repos et kiné dès qu’on enlève l’attelle. La kiné sert à la rééducation proprioceptive principalement.
3/ Rupture ou entorse des ligaments croisés
Paradoxalement, bien que cela puisse être très douloureux, tant qu’on est chaud, on peut ne pas le sentir. Par contre, on se rend vite compte que les appuis sont plus instables et dès que l’articulation refroidit, le genou gonfle et ça fait un mal de chien. Ce genre de blessures arrivent souvent avec la fatigue lorsque l’on porte du poids. J’en ai vu beaucoup lors de compétitions et d’entraînements de Judo par exemple. Savoir arrêter les combats au bon moment est le meilleur moyen de prévenir les blessures. Le coach doit aussi être capable de faire cela s’il est compétent. Cela peut arriver également sur des clés de chevilles en torsions. C’est pour cela qu’elles sont généralement interdites mais certains prennent plaisir à blesser l’autre. Allez comprendre. Là encore, c’est le rôle du coach de cadrer le comportement des combattants. Surtout, n’hésitez pas à abandonner. Un combat vaut moins que votre genou à l’entrainement ou en compétition…
Recommandation : Différencier l’entorse de la rupture avec un test du tiroir (à faire par un médecin). L’entorse simple : 3 à 6 semaines d’attelle. Pas de béquille pour la marche. Rééducation kiné pour la proprioception et le renforcement musculaire. En cas de rupture : traitement orthopédique. D’abord attelle puis musculation du quadriceps et éventuellement une opération. Là aussi, il faudra de la rééducation proprioceptive. Hyper important pour éviter les récidives. J’ai fait l’erreur de ne pas le faire à l’époque où je faisais du judo et du JJB. J’ai enchaîné trois entorses sur deux ans, la première à l’entraînement, les autres dans la vie courante…
4/ Dérangement intervertébral mineur
Fréquent en lutte à cause des pressions et faux mouvements mais peut également être retrouvé lors d’une mauvaise position pour une frappe. Pour le coup, pas spécialement grave mais peut être très douloureux et handicapant. en effet, la douleur peut limiter vos degrés de liberté sur certains mouvements.
Prévention La prévention viendra surtout d’une bonne écoute de votre corps pour ne jamais le faire aller là où il y a trop de pression.
Recommandation : Passe seul en quelques jours ou avec un traitement ostéopathique si cela dure trop. Vous pouvez prendre éventuellement un antalgique si la douleur est gênante
5/ Fracture costale
Typique des sports de combat de percussion. Les côtes cassent facilement lors d’une grosse frappe sous laquelle on se met en opposition. Cela dit elles cassent aussi facilement sur une petite frappe avec un bon angle. Attention sur certains exercices de sol, lorsque le buste est étiré avec peu de mobilité et qu’un gros poids vient tomber dessus, le risque de casse est aussi important.
Recommandations : Malheureusement, il n’y a pas grand-chose à faire à part du repos et des antalgiques, une côte cassée pouvant être très douloureuse à chaque respiration… Comptez 3 à 6 semaines pour la cicatrisation (plus 6 que 3 d’ailleurs…)
6/ Fracture du coude
On pourrait s’attendre à voir des fractures du coude à cause des clés articulaires à l’entraînement. Néanmoins, c’est surtout sur des mauvaises chutes que cela arrive. Ou plutôt, sur des tentatives ratées d’éviter une chute. En effet, en voulant se retenir de tomber avec le bras en extension, si l’angle n’est pas bon, le coude se disloquera. Les dégâts peuvent être avec un bel arrachement ligamentaire et/ou une fracture d’un ou des trois os du coude…
Prévention Ce type de blessures arrivent lorsque l’on a peur de tomber (débutant ou manque de technique sur les chutes) ou lorsque l’on ne veut pas tomber (compétition). Dans le premier cas, insister sur le travail de la chute tant qu’il reste de la peur. Dans le second, arbitrer s’il vaut mieux risquer un bras pour une médaille ou garder son bras pour une défaite.
Recommandations : Là ça va dépendre un peu du cas… N’espérez pas retourner à l’entraînement avant au moins 2 mois et une bonne rééducation…
7/ Fracture des doigts
Il existe des tas de raisons de se fracturer un doigt lorsqu’on pratique les arts martiaux. Que ce soit en frappant, en luttant, en s’accrochant un doigt dans un kimono, en roulant même. Pour le coup, on n’y peut pas grand-chose à part éviter de demander aux gens de taper dans du béton si on n’est pas préparé. Heureusement, c’est certainement la blessure la moins problématique du lot. Un strap et trois semaines puis on repart. Pas besoin de rééducation outre mesure. De plus, on peut même continuer à s’entraîner en fonction de la discipline pendant ce temps…
8/ Luxation de l’épaule
Une des pires blessures que l’on puisse subir en terme de séquelles et de durée d’arrêt. La plupart du temps, sur une chute mal gérée avec le bras en extension mais le coude qui a tenu… Ou alors, une chute directe sur l’épaule mais c’est moins courant.
Prévention La meilleure prévention est de ne pas transiger sur l’apprentissage de la chute et de se muscler les épaules…
Recommandation : Le diagnostic est simple : impossibilité totale de bouger le bras avec une déformation de l’épaule. Aller aux urgences immédiatement, le médecin en cabinet aura du mal à la réduire. On parle de 4 à 6 semaines d’immobilisation TOTALE et 6 mois de rééducation avant de revenir à l’entraînement. Le risque d’un retour précipité est la récidive. Le jeu n’en vaut pas la chandelle… Cela s’apprend vite lorsqu’on réalise à quel point c’est compliqué de vivre avec un bras inutilisable…
9/ Fracture du poignet
La fracture du poignet fait partie du triptyque des dégâts possibles lors de la chute sur un bras en extension. On la trouvera plus fréquemment chez les ados et les enfants qui ont les poignets fragiles à cause de la croissance. Dans ce cas, le poignet cédera plus facilement que le coude ou l’épaule. Il est assez difficile de casser un poignet sur une clé de poignet. Au pire on verra quelques entorses. Là encore, la meilleure recommandation est de savoir chuter. Muscler le poignet peut servir mais vu le public qui se blesse le plus, la solution la plus accessible n’est pas celle-là…
Recommandation : Pour un poignet cassé, on plâtre et on garde 3 semaines si c’est l’ulna qui s’est rompu, plutôt 8 si c’est le scaphoïde. Une radio permettra d’y voir plus clair. Par contre, à part pour certains métiers très spécifiques, on ne rééduque pas spécialement.
10/ Nez cassé
Le nez cassé est le classique de la boxe. La plupart des boxeurs se cassent le nez (et en tirent une certaine fierté…). La raison est que le nez est de base assez fragile. C’est donc tout naturellement qu’on trouvera des nez cassés dans les disciplines de percussion.
Prévention Pour prévenir cela, pas vraiment de solution. Il existe les casques à bulle du Kudo et aussi des casques à grille mais pas très pratiquent. Sinon, il s’agit au partenaire de faire attention mais on sait tous qu’il y a toujours quelqu’un qui ne le fera pas…
Recommandations : La différence se fait s’il y a une déviation d’une cloison nasale ou pas. En gros, si le nez est droit, on attend environ 3 semaines. Plus si la douleur est encore présente. Si la cloison nasale est déviée, on comptera en plus une opération chirurgicale pour le remettre en place et on comptera encore 6 semaines pour la cicatrisation.
En bonus, on citera également ● les douleurs liées à des écrasements musculaires qui feront des petites lésions, ● les tendinites et les lésions des quadriceps et des ischio-jambiers sur des mouvements trop brusques et sur des muscles peu échauffés. Là, pour la prévention bien s’échauffer et surtout bien s’hydrater. Si cela arrive, du repos deux ou trois semaines. Enfin, attention aux coups de pieds hauts qui entraîneront à terme de l’arthrose…
Conclusion
Les blessures sont communes dans les arts martiaux. Souvent elles sont dues à un manque d’attention ou de préparation. Lorsqu’elles arrivent, l’avis d’un médecin est nécessaire et surtout suivre ses recommandations. Je vois énormément de pratiquants travailler en étant blessés (surtout des jeunes en fait…). A savoir si c’est pour prouver un quelque chose mais ça se paye plus tard. Il faut savoir que votre capacité à pratiquer en pleine forme diminuera plus vite avec le temps.
En ce qui concerne les professeurs, la capacité à garder les élèves en bonne santé est directement corrélé à leurs progressions. En effet, surcharger de travail jusqu’à avoir une blessure est totalement contre-productif puisque la blessure et la rééducation font parfois même reculer le niveau. D’ailleurs, dans le sport de haut niveau, la gestion de la charge de travail pour préserver les athlètes est une notion clé. Lorsque l'on voit des photos de clubs où la moitié des gens sont strappés, c'est qu'il y a un problème. C’est également de la responsabilité de l’entraîneur de renvoyer les gens chez eux pour qu’ils se soignent convenablement.
Il faut préservez sa santé et celle des élèves. La progression n’en sera que meilleure. De plus, l’accumulation de blessures sape la motivation jusqu’à faire arrêter la pratique. Garder un physique en bon état permettra de durer aussi plus longtemps dans la discipline.
Texte reçu par internet, sans indication de l'auteur
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